« Le rang du cosmonaute » de Olga Duhamel-Noyer et « Terrienne » de Jean-Claude Mourlevat

Publié le 4 Août 2015

« Le rang du cosmonaute » de Olga Duhamel-Noyer et « Terrienne » de Jean-Claude Mourlevat

Pourquoi parler de ces deux romans dans un même billet ? Parce-qu'ils abordent chacun, de manière très différente, un thème qui ne m'est pas du tout familier : l'ailleurs.

Je suis une personne très terre-à-terre au sens propre de ce terme et l'existence de mondes parallèles ou de vies sur d'autres planètes est un sujet auquel je m'intéresse peu généralement. C'est donc un peu par hasard que ces deux livres sont arrivés dans mes mains de lectrice et ce, coup sur coup.

Dans les deux cas, j'ai aimé mes lectures. Au moment de vous en parler, je me demande toutefois si l'ailleurs était bel et bien au coeur de ces romans ou si cela n'était finalement que prétexte à évoquer de multiples autres choses de la vie, tout simplement.

Avant d'aller plus avant, voici les phrases qui ornent, la première la lame du couteau de Youri et la seconde les cahiers d'une adolescente évoquée dans le livre de Mourlevat. Oui, tout de même, il est bien question d'ailleurs ! :)

La Terre est le berceau de l'humanité, mais on ne passe pas sa vie entière dans un berceau.

Le rang du cosmonaute

Ceux pour qui le monde n'est pas assez.

Terrienne

« Le rang du cosmonaute » parle d'ailleurs de manière un peu scientifique et à la fois poétique et pose aussi la question de savoir pourquoi dans les années 60-70, l'humanité avait tant besoin de croire en d'autres mondes ? Ces derniers tantôt considérés comme menace, d'autres fois comme immense source d'espoir. De nos jours, finis les petits hommes verts... est-ce parce-que nous sommes ou pensons être invulnérables ou parce-que nous avons perdu tout espoir ? J'aime ces livres qui laissent ainsi flotter des questions sans véritables réponses, mais qui permettent de considérer la société différemment.

 

 

Concernant « Terrienne », précisons qu'il s'agit d'un roman jeunesse. Ce critère est parfois sans importance, mais me semble ici primordial pour apprécier ce livre. En effet, l'écriture simple et linéaire pourrait peut-être parfois sembler manquer un peu d'épaisseur si l'on ne se souvenait pas qu'il est important de garder captivé le jeune lecteur. Ce dernier reçoit ici simultanément et de manière très efficace un contenu chargé de références culturelles majeures.

 

Sont ainsi subtilement évoqués:

*Pinocchio et le statut de pantin que chacun peut endosser dans un monde ou dans un autre; *Barbe-Bleue et toute la question des enlèvements par des prédateurs sexuels;

*les camps de concentration avec cette ville fictive d'Estrellas où chaque étoile jaune dans le ciel représente l'âme d'une personne incinérée dans ces entrepôts aux grandes cheminées;

*l'écrivain qui navigue entre le réel et le fictif;

*la présence de personnes « différentes » dans toute communauté;

*le bonheur simple des petites choses, le goût d'un pain au chocolat, l'odeur de la rosée le matin.

 

La fille « enracinée » que je suis a donc beaucoup aimé ces deux voyages au-delà des frontières terrestres que je vous invite à effectuer vous aussi et, si cela vous est possible, comme je les ai faits, soit l'un juste après l'autre. Bonnes lectures.