« L'iguane » de Denis Thériault
Publié le 18 Juillet 2015
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C'est Venise du Passe-Mot qui a eu la merveilleuse idée de placer ce livre dans mes mains. MERCI VENISE ! Quelle belle rencontre avec cet auteur unique en son genre ! Quel livre remarquable !
Je ne suis généralement pas du style à employer tant de superlatifs, mais là, ce sont les mots qui conviennent pour parler de ce roman hors du commun et terriblement touchant.
Commençons par la début, soit la couverture du livre : L'Acqua de Guiseppe Arcimboldo. Le travail de cet artiste du 16e siècle m'a toujours fascinée et il est ici la parfaite illustration du contenu de ce livre : un être constitué par la mer que l'on peine à définir pleinement en tant qu'être humain et qui porte en lui à la fois mystère, onirisme et poésie. Cet être entre terre et mer, c'est le héros de notre histoire, c'est Luc, enfant au passé trouble et au présent difficile qui parvient contre toute attente au fil de l'histoire à s'intégrer pleinement dans une nouvelle famille au sein de laquelle il fait des miracles (au sens propre du terme), celle de celui qui n'est au début que son voisin de pupitre a l'école et qui deviendra peu à peu son frère.
De la mer, il est question d'un bout à l'autre du livre de Denis Thériault dont elle constitue un personnage à part entière. C'est elle qui pose le décor, c'est elle qui assure l'ambiance sonore, c'est auprès d'elle que l'on se retrouve, que l'on se cache, c'est elle qui permet de fuir aussi. La mer fait rêver et possède un langage unique. Beaucoup la contemplent, pensent la connaître, peu cependant parviennent à en saisir pleinement l'âme.
Denis/Luc, par le biais d'un onirisme envoutant, nous invite à ce dialogue profond avec celle qui le berce chaque jour, celle qui lui manque dès qu'il s'en éloigne.
Les multiples personnages (la mère, les grands-parents et l'oncle de son ami/frère ainsi que le père Loiselle, entre autres) qui permettent à l'auteur de nous raconter l'histoire de Luc sont décrits avec une précision rare sans cependant que l'on puisse déplorer un surplus de mots. Tout ici est exactement là où il doit être, chaque phrase, chaque jeu de mots.
Ce faisant et sans jamais ouvrir de facheuses parenthèses qui viendraient briser le rythme de son ériture aussi hypnotique que le va et vient des vagues océanes, le conteur visite les thèmes graves de la violence conjugale, de la maltraitance des enfants, du deuil ou encore de l'intimidation.
Je vais arrêter ici les éloges au risque sinon que vous pensiez que je vais trop loin. Pourtant, ce livre mérite sincèrement un tel déploiement d'admiration, car il est d'une qualité rare. Et il ne s'agit que du premier roman de Denis Thériault !!! Est-il humainement possible de faire mieux ? Je ne crois pas, mais Denis Thériault n'est plus, je pense, tout à fait un être humain... Je le soupçonne en effet de séjourner régulièrement à Ftan. ;-)