/image%2F0145411%2Fob_8f3d5d_ob-0c895f-herbe.jpg)
/image%2F0145411%2F20140403%2Fob_d099c6_ob-0c895f-herbe.jpg)
« Neige » d'Orhan Pamuk (2)
Publié le 6 Janvier 2015
Je reviens ici sur un aspect du roman d'Orhan Pamuk qui m'a séduite : la manière dont il parle de la foi, de la croyance, de la religion, en l'occurence de l'Islam.
L'auteur ne cherche nullement à donner des explications ou à proposer des définitions, il évoque plutôt des perceptions, des émotions qui nous permettent d'appréhender différemment l'incompréhension mutuelle qui existe souvent entre les personnes qui pratiquent une religion et celles qui ne la pratiquent pas.
Ainsi, par exemple, lorsque surgit l'amour dans le récit, la peur et le doute s'emparent des croyants :
Je pense à elle dès le matin et, plus ça va, moins je parviens à penser à autre chose. Mon Dieu, que puis-je faire ?
... je me rends compte que, tout comme un athée, je ne peux plus désormais croire en rien d'autre qu'en l'amour et au bonheur.
Orhan Pamuk évoque aussi une notion permettant de lire l'actualité avec une acuité nouvelle, celle « d'Islam politique ». Bien que l'ayant perçue à maintes reprises, je n'avais jamais mis de mots dessus de manière aussi claire. La religion que l'on nous montre n'est pas nécessairement celle vécue par les pratiquants que l'on rencontre.
Par ailleurs, alors que je lisais ce roman, j'ai un soir écouté une série télévisée (« Good Wife ») dont un des dialogues a raisonné de manière bien particulière à mes oreilles. Une mère (athée) et une fille (croyante, catholique) ont ensemble la discussion suivante :
- Alors tu crois vraiment à tout ça, Grace ? La tour de Babel ? L'arche de Noé ? Tout le reste ?
- Je ne sais pas si tout est historiquement exact. Mais... Je pense que cela peut être vrai d'une autre manière.
- Quelle autre manière ?
- Tu sais, comme la poésie.
- Cela peut toujours être vrai même si ce n'est pas exact.
- Si je voulais que tu te souviennes que Dieu a tout créé, je te raconterai probablement une histoire sur ce qui se passe en sept jours. Ça ne veut pas dire que cela c'est passé en sept jours. Cela signifierait juste que je voulais que tu te souviennes que Dieu a tout créé.
Longtemps après avoir terminé cette lecture, les idées continuent de tourner dans ma tête et un mot revient souvent : épanouissement. Chacun doit trouver la manière de parvenir au sien, avec un peu, beaucoup, ou pas du tout de religion.
Et vous, croyez-vous en un Dieu ?