« Ourse bleue » de Virginia Pésémapéo Bordeleau
Publié le 30 Mars 2014
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Juste en dessous du titre, il est écrit « roman ». Et l'on nous dit bien également dès les premières pages que « Les personnages et les événements de ce roman sont des personnages et des événements fictif. Toute ressemblance... ». OK. Mais, l'on parle bien de la rivière Ruppert, de la « Paix des Braves » et de la nation Cri. Tout ceci existe, ici et maintenant, dans le nord du Québec.
Par ailleurs, l'héroïne en quête des ses origines se prénomme Victoria. Avouez qu'il n'y a pas grande différence avec Virginia. Donc, ce que l'on tient entre nos mains en lisant « Ourse bleue » est bel et bien un questionnement sur l'existence de la nation Cri, sa culture, sa langue, ses territoires de trappe, sa reconnaissance, son désespoir.
J'aimerais écrire un billet rempli de belles images et de belles phrases pour dire combien cette nation est grande, mais ce serait mentir et « ils » sont déjà assez nombreux à le faire.
Je vais donc plutôt opter pour le même ton que celui que Virginia Pésémapéo Bordeleau utilise dans son livre. Un ton qui peut sembler froid et distant, car il ne souhaite pas faire appel aux émotions. L'on se trouve ici plus dans un travail journalistique. L'on expose des faits, l'on ouvre les yeux sur une réalité actuelle. La réalité des Cris du Québec au 21ième siècle.
Le constat est violent. Viols incestueux, alcoolisme, violence conjugale, rien ne manque au tableau d'une nation qui ne souhaite plus rien si ce n'est qu'on la laisse en paix. En attendant, elle s'auto-détruit.
La nation Cri du Québec est en dépression. Comme la personne dépressive, la nation Cri attend, oisive et malheureuse. Si de l'aide lui est proposée, la nation Cri répond que l'on ne peut pas la comprendre. La nation Cri veut que l'on s'intéresse à elle, mais pas comme ça. La nation Cri est au bout du rouleau, la nation Cri en a ras-le-bol, alors la nation Cri hurle, la nation Cri devient agressive, la nation Cri tente de se suicider sous nos yeux en un déchirant appel de détresse.
Virginia Pésémapéo s'interroge :
Les enfants bafoués, utilisés, détruits. Mes frères et soeurs placés en famille d'accueil où les abus ont continué. L'une affamée, l'autre battu, manipulé, utilisé ! Nos petits, sur lesquels s'étend l'ombre de l'alcoolisme.
...
Mais pourquoi tout ça ? Comment arrêter cette spirale, est-ce seulement possible ?
Je réponds OUI. La dépression peut être vaincue, même si elle a pris pour cible une nation entière.
Car, nous sommes dans la vie comme des funambules sur un fil. Il nous faut en tout temps chercher à maintenir l'équilibre, toujours regarder droit devant. Les accidents sont rares. Ils existent, mais sont très rares en temps normal.
Par contre, si quelqu'un s'amuse à faire bouger le fil du funambule, celui-ci ne parvient plus à conserver l'équilibre, tente de le retrouver, s'accroupit peut-être pour ne pas tomber en attendant que le fil se stabilise. Mais, si l'on continue à lui rendre la tâche impossible, à mettre en péril son équilibre, il arrive un moment où il préfère sauter dans le vide.
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Avec cette lecture, je participe au challenge ci-dessous :
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Challenge Amérindiens (Bibliographie inside)
Le challenge sur la blogosphère littéraire, c'est un peu une institution et il en fleurit à loisir régulièrement. Ca tombe bien, c'est le printemps : c'est donc le moment où jamais d'en plant...
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