Violence et non-violence

Publié le 10 Juillet 2014

Le hasard de ma vie de lectrice a voulu que je lise presque simultanément

« Le dîner » de Herman Koch et

« Wake up America » de John Lewis, Andrew Aydin et Nate Powell.

 

Il y a eu choc. Il ne pouvait en être autrement.

 

C'est la raison pour laquelle j'ai décidé d'en parler dans un même billet.

 

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« Wake up America » nous raconte la vie du député noir américain John Lewis et son rôle au sein du mouvement des droits civiques.

 

La planche de cette bande dessinée qui m'a le plus marquée est la suivante :

(n'hésitez pas à cliquer sur les images afin de les voir en grand)

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On dit qu'il ne faut jamais dire jamais. Je crois pourtant que je ne serai JAMAIS capable d'aimer mon agresseur. JAMAIS. Que celui-ci agisse gratuitement ou avec un motif défendable ne change rien, je crois.

 

Je suis par conséquent d'autant plus admirative de ces hommes et ces femmes qui prônent la non-violence et la mettent en pratique.

John Lewis est un digne représentant de cette force de caractère. Il est un modèle que je crains malheureusement de ne jamais savoir imiter.

 

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Puis, il y a « Le dîner ».

 

Je vais essayer ici de poser simplement les questions que soulève ce livre et d'y répondre.

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La quatrième de couverture pose la question suivante : « Jusqu'où irions-nous pour préserver nos enfants ? » . Je pense ne connaitre personne qui ne répondrait pas « jusqu'au bout ». Mais, les choses ne sont pas si simples que cela.

 

Tentons donc de nous mettre en situation.

 

*Si j'apprenais que mon enfant a fait preuve de violence à l'égard de quelqu'un, quelle serait ma réaction ?

 

Je serais anéantie et me remettrais totalement en question ainsi que l'éducation que je donne à mon fils.

Je foncerais voir mon conjoint.

Puis, je tenterais de savoir pourquoi mon enfant a agi ainsi.

Je parlerais longuement avec lui. Je le questionnerais.

J'essaierais de comprendre mon enfant afin de trouver des solutions avec lui.

De sa réaction dépendrait beaucoup de choses.

Était-il conscient de la gravité de ses actes ou pas ?

Pour le soutenir par la suite, car il ne fait aucun doute que je le soutiendrais face au monde extérieur, j'aurais besoin de le comprendre.

Si je ne parvenais pas à le comprendre, je crois que je serais tentée de le laisser gérer la situation lui-même. Mais, consciente de sa jeunesse, le dilemme serait grand. Je me tournerais vers mon conjoint et nous déciderions ensemble du rôle de chacun et des suites à donner.

 

 

*Si j'apprenais que mon enfant a récidivé, quelle serait ma réaction ?

 

En raison de la discussion que j'aurais tentée d'avoir avec lui lors de la première agression, je serais atterrée et convaincue dès lors que la communication est momentanément rompue entre nous.

Je crois que je tenterais de faire appel à quelqu'un qui puisse avoir de l'influence sur lui pour le raisonner. Il faudrait qu'il s'agisse d'une personne de confiance. Qui ?

S'il n'y avait personne, je chercherais un autre moyen d'arrêter cette spirale de violence. Comment ? Je ne sais pas.

 

*Si j'apprenais que mon enfant n'a pas été identifié lors de cet événement et que nous sommes juste « quelques-uns » à savoir ce qu'il s'est réellement passé, quelle serait ma réaction ?

 

Je serais soulagée de savoir que « les médias » ne pourront pas le condamner une seconde fois et s'acharner sur lui.

Par contre,  j'aurais un énorme cas de concience relativement à la justice (celle avec un grand J, pas celle du tribunal). Je penserais à la famille de la  personne agressée.

J'en parlerais avec mon fils afin de l'aider à vivre avec ce poids toute sa vie.

Je tenterais d'amener les « autres personnes au courant de la situation » aux mêmes réflexions que moi.

 

 

*Si j'apprenais que quelqu'un fait chanter mon enfant le menaçant de révéler la vérité, quelle serait ma réaction ?

 

Je chercherais à rencontrer cette personne pour en parler avec elle. J'essaierais de comprendre le but de sa démarche.

De sa réaction découleraient mes décisions.

Si une entente s'avérait possible, j'irais de l'avant pour calmer la situation.

Si une impasse appraissait. Que ferais-je ? Je ne sais pas.

 

Je sais, par contre, que je suis incapable de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Il faudrait que j'agisse absolument, d'une manière ou d'une autre.