« Comment j'ai appris à lire » d'Agnès Desarthe

Publié le 30 Octobre 2013

Ceci n'est pas un roman.

 

Je tiens à donner tout de suite cette précision, car j'ai lu ce livre quelques temps après « Mangez-moi» et je pensais y retrouver la même Agnès Desarthe. J'ai donc, durant les premières pages, été un peu déroutée puisqu'il ne s'agit pas d'un roman, mais d'une autobiographie de l'auteur ainsi que d'un essai sur... les mots et la littérature.

 

Mais, la verve d'Agnès Desarthe est intacte, même dans cette autre forme de récit. Ouf !

 

Par contre, je passerais très vite sur l'aspect autobiographique (assez prétentieux et forcément égocentrique) que je n'ai pas aimé, pour parler de tout ce qu'Agnès Desarthe m'a fait découvrir ici sur les mots : ceux qui sont lus, ceux qui sont écrits, ceux qui doivent être traduits.

 

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Ceux qui sont lus...

Lire ou ne pas lire ? Aimer lire ou ne pas aimer lire ? Tout ceci est intimement lié à l'éducation, à l'histoire familiale, au rapport à la langue. On le sait plus ou moins consciemment. Agnès Desarthe l'identifie clairement.

Je me savais privilégiée d'avoir grandit au milieu des livres et auprès de gens qui aimaient les mots. J'en suis encore plus persuadée aujourd'hui.

C'est pour cela, entre autres, que j'oeuvre en alphabétisation, pour que les barrières tombent et que les livres soient accessibles à tous. Car bien souvent, ceux qui ne lisent pas sont un peu comme les enfants devant leur assiette d'épinards : Ça ne peut pas être bon parce que ce n'est pas appétissant.

Je veux rendre la lecture appétissante pour que tout le monde y goûte !

« Comment j'ai appris à lire » d'Agnès Desarthe

Ceux qui sont écrits...

Étant lectrice (boulimique!), partageant ma vie avec un auteur et n'ayant jamais pu aligner deux lignes de narration fictive un tout petit peu intéressantes (je suis rédactrice ce qui n'a absolument rien à voir !), le processus d'écriture m'intrigue et demeure totalement mystérieux à mes yeux.

Lorsque je questionne les auteurs que je rencontre sur ce point, les réponses sont d'un flou... artistique !

Ici, Agnès Desarthe y répond en ces termes limpides :

Imagine que tu as une bague. Ce bijou est non seulement remarquablement beau, mais encore unique. Il est orné de pierres précieuses rarissimes, serti de l'or le plus fin et, surtout, il t'a été donné par ta mère, qui, elle-même le tenait de sa mère, qui elle-même, et caetera sur plusieurs générations. Eh bien, quand tu écris, c'est comme si tu retirais cette bague de ton doigt, cette bague qui est à la fois précieuse, belle et chargée de souvenirs, et que tu la jetais, le plus loin possible, de toutes tes forces. Tu la jettes même si loin que tu ne l'entends ni ne la vois retomber. Tu ne sais même pas si quelqu'un la trouvera.

Page 137

« Comment j'ai appris à lire » d'Agnès Desarthe

Ceux qui doivent être traduits...

L'on se soucie trop peu de la traduction. J'avoue parfois même ne pas y penser du tout et dévorer, par exemple, les romans de Nick Stone dans ma langue, le français, sans penser un seul instant qu'il est britannique et qu'il écrit en anglais !!!

En fait, je remarque la traduction uniquement lorsqu'elle est mauvaise.

Dans son livre, Agnès Desarthe parle de son métier de traductrice avec passion et nous explique comment, pour trouver le mot juste, elle doit s'éloigner parfois du texte pour mieux y revenir.

Elle est ainsi partie un jour se promener au bord d'un lac pour y observer les feuilles des arbres tombant sur l'eau afin de mieux saisir (et traduire ensuite) les reflets et miroitements dont l'auteur dont elle traduisait le texte parlait.

Je ne pense pas qu'il s'agissait de conscience professionnelle, simplement d'amour des mots !