«Rien ne s’oppose à la nuit» de Delphine De Vigan
Publié le 2 Juillet 2015
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J’ai aimé l’écriture de Delphine de Vigan sans toutefois lui trouver un caractère particulier. C’est une écriture fluide, agréable, mais sans plus. Aucune vibration particulière, mais également aucune entrave à la lecture. En résumé, j’ai trouvé cette écriture efficace.
Par contre, quelque chose m’a profondément agacée : les états d’âme de mademoiselle De Vigan. Je me contrefiche de savoir que sa cave est trop étroite pour contenir les boites de cassettes enregistrées par son grand-père ou que son mari se fasse du souci pour elle ou encore qu’elle mange avec sa sœur. Ce roman (que j’ai beaucoup aimé) aurait je crois, gagné à voir disparaitre le chapitre de remplissage qui se trouve tous les deux ou trois chapitres. Il aurait, j’en suis certaine, gagné en intensité. Ces chapitres supposément d’aération sont pour moi des chapitres de diversion. Grrrrrrr!
J’en viens enfin au contenu du roman.
Ma lecture a été douloureuse, j’en ai bavé. J’ai pleuré. L’histoire de Lucile et de la famille Poirier a ravivé en mois de nombreuses blessures. Bipolarité, agression sexuelle, suicide ont fait partie de ma vie et l’identification était au détour de nombreuses pages de ce roman. Et l’impuissance, toujours l’impuissance, cette impuissance de tous et chacun, ce sentiment que les choses nous échappent, que l’on est comme les passagers d’un train lancé à toute vitesse.
Si certain(e)s d’entre vous n’ont pas connu de tels événements, comment un tel texte peut-il alors résonner? J’ai pu, pour ma part, effectuer des liens avec des moments vécus, mais pour celui ou celle qui n’a pas vécu de telles choses, comment se situe-t-il? Est-il comme un voyeur? Un spectateur? Éprouve-t-il de la compassion?
Même en les ayant vécus, ces événements semblent hors du temps, inaccessibles, l’on se demande toujours si cela est bien arrivé tellement c’est hors norme. Alors, pour quelqu’un qui ne s’est jamais trouvé dans de telles situations, est-ce acceptable? La lecture est-elle tout de même enrichissante? Est-elle douloureuse?
Je me questionne.
Et je me pose d’ailleurs cette autre question. Quelle est l’utilité d’un tel récit? Pour ceux qui ne connaissent pas ces douleurs, pourquoi vouloir s’en approcher et pour ceux qui les ont vécues et les ont apprivoisées, pourquoi vouloir les raviver?
Je crois que j’ai aimé ce livre, mais… j’ai également apprécié le refermer.